jeudi 3 novembre 2011

Ce qu'en dit la presse (XIII)...

Dans Terres Taurines, André Viard livre une analyse que les uns et les autres sont à même d'entendre...

Notez quand-même que la partie "science fiction" de la Charte des signataires du Collectif a été largement remaniée en Assemblée Générale depuis le 1er jet auquel le texte fait référence. Conformément au souhait de l'Aficion montoise, peu sensible elle aussi à ce genre narratif un peu trop "rêvé" !

La Charte actualisée est en ligne depuis le 27 octobre au soir. Nous vous invitons à la consulter : cliquez ici.


VARIABLE D'AJUSTEMENT

Le Collectif Madeleine qui s'est invité dans l'appel d'offres montois au point de brouiller les cartes de belle manière, offre à la crise grecque un contrepoint taurin : et si, pour une fois, au nom d'une démocratie digérée à toutes les sauces, on écoutait enfin le client et on ne considérait pas le cœur du public - a priori le plus fidèle - comme une simple variable d'ajustement ?

Que dit le Collectif Madeleine ? D'abord, que la greffe nîmoise est victime d'un rejet total : le bling-bling, les paillettes, la communication outrancière et la survente de non événements ne correspondent pas à l'idiosyncrasie locale, pour autant que l'on considère le Collectif Madeleine comme son émanation. Ce qui peut être sujet à caution, car, au fond, 500 adhérents revendiqués, sur une arène de prés de 7000 places, cela peut paraître peu.

Mais cela fait beaucoup si l'on considère qu'il s'agit là de la partie militante d'un public parfois trop mou et habitué à avaler n'importe quelle soupe sans trop se fâcher. Ne pas entendre ce que demande cette grosse minorité active dont l'expertise et le pouvoir de nuisance sont indéniables peut donc être risqué. Or, que demande-t-elle ?

"- L’implication de tous les acteurs de la vie taurine montoise dans la conception des spectacles tauromachiques de la Madeleine ; implication dont on sait l’énorme portée identitaire.
- La mise en œuvre d’une feria vraiment équilibrée, représentative des aficionados locaux dans leur diversité, alternance de corridas toristas et toreristas sans déficit de présentation.
- La pérennisation d’une novillada sérieuse et d’une corrida-concours "évènement", fleuron de nos Fêtes ; avec ou sans vedettes ; sous une forme traditionnelle ou tout à fait nouvelle".

Sur le premier point, il serait aisé de répondre au Collectif Madeleine qu'il ne fait que reprendre les recettes employées à Mont de Marsan sous l'ère Chopera, quand, il faut s'en souvenir, divers leaders de ce même collectif appartenaient à une commission taurine, dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne défendirent pas toujours l'action : les "Chopera fuera !" qui aboutirent paradoxalement au départ de Christian Cazade, c'est à eux qu'on les doit.

À ce détail prés, mais qui a son importance lorsqu'il s'agit de travailler en confiance, il n'y a pas de quoi fouetter un chat, et il est même surprenant que durant trois année au cours desquelles le prestataire avait pris un pouvoir exorbitant, on ait préféré le rapport de force plutôt que de concéder à cette aficion ce qu'elle souhaitait. C'est après, que le projet du Collectif se gâte :

"En cas de victoire de notre regroupement et du candidat partenaire, le Collectif élira en son sein un comité de représentants chargé de négocier directement avec le prestataire et d’en valider ou non les décisions. Porte-parole du Collectif, il est le garant du strict respect de cette charte et de son esprit".

On entre là dans le domaine de la science fiction, dans la mesure où le cadre juridique de l'appel d'offre est fixé d'une part par le cahier des charges et de l'autre par le code des marchés publics. Si le collectif, au titre d'expert local, peut à juste titre revendiquer sa présence lors de l'audition des candidats par la commission, et peut y faire entendre sa voix en indiquant sa préférence, il n'est à aucun moment fondé juridiquement à s'immiscer dans une telle décision. Et même si l'on en appelle à la jurisprudence grecque en vertu de laquelle la voix du peuple peut contredire le pouvoir, les règles du jeu demeurent les mêmes : la ville, par l'entremise de sa commission taurine, impose ses choix à son mandataire et celui-ci n'a plus aucune marge de manœuvre pour s'en exonérer.

Il n'en demeure pas moins qu'outre la capacité technique à mener à bien le projet imposé par le cahier des charges et le prix demandé pour cela, pourrait donc apparaître dans la prise de décision une variable d'ajustement non négligeable dont les élus mesureront sans doute soigneusement la portée. Passer outre la voix de l'aficion en désignant un candidat qui n'aurait pas l'aval de celle-ci, ou, pire, qu'elle ne souhaiterait pas voir dans ses arènes, est un risque non prévu par le cahier des charges mais que les décideurs ne prendront peut-être pas.
André Viard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire